24

 

Ce fut Rashaverak qui lui fit part de la nouvelle, mais Jan avait déjà deviné. Un cauchemar l’avait réveillé avant l’aube et il n’avait pu se rendormir. Il ne se le rappelait plus, ce qui était très curieux car il était persuadé qu’il est possible de se remémorer tout ce que l’on a rêvé si l’on s’efforce de le faire dès le réveil. Il ne se souvenait que d’une seule chose : il était redevenu petit garçon, il se trouvait au milieu d’une vaste plaine déserte, écoutant une voix sonore qui s’exprimait dans une langue inconnue.

Ce rêve l’avait troublé. Était-ce le premier assaut de la solitude ? Énervé, il était sorti de la villa et avait déambulé sur la pelouse envahie d’herbes folles.

La lune à son plein baignait le paysage d’une clarté dorée si lumineuse que l’on y voyait parfaitement. L’immense et miroitant cylindre de la nef de Karellen se dressait derrière les bâtiments de la base des Suzerains qu’elle écrasait de sa masse, les réduisant à des proportions humaines. Jan la contempla en essayant de retrouver les émotions que la vue du vaisseau avait jadis suscitées en lui. C’était alors un objectif hors d’atteinte, symbole de tout ce qu’il n’avait jamais réellement espéré accomplir. Et, maintenant, elle était dépourvue de toute signification.

Quelle paix ! Quel calme ! Les Suzerains étaient évidemment aussi actifs que d’habitude, mais pour le moment, ils étaient invisibles. Jan aurait aussi bien pu être seul sur la Terre – ce qui était le cas dans un sens très réel.

Il leva les yeux vers la lune afin de fixer ses pensées sur un objet familier. Il repéra les mers anciennes bien présentes à sa mémoire. Lui qui avait fait un bond de quarante années-lumière dans l’espace, il n’avait jamais foulé ces plaines de poussière et de silence qui ne se trouvaient qu’à deux secondes-lumière. Il s’amusa à identifier le cratère de Tycho. Quand il l’eut localisé, il s’étonna que ce point brillant fût plus éloigné qu’il ne l’avait cru de la ligne médiane du disque lunaire. Et il se rendit alors compte que le sombre ovale de la Mer des Crises manquait à l’appel.

La face que son satellite tournait vers la Terre n’était plus celle qui la contemplait depuis l’apparition de la vie. La lune avait commencé de pivoter sur son axe.

Cela ne pouvait signifier qu’une seule chose. Là-bas, sur l’autre hémisphère, sur le continent où ils avaient anéanti toute vie en une fraction de seconde, les autres sortaient de leur longue transe. Comme l’enfant qui s’éveille et s’étire pour saluer le jour, ils dérouillaient leurs muscles, ils jouaient avec leurs pouvoirs tout neufs…

 

— Vous avez vu juste, dit Rashaverak. Nous ne pouvons plus rester, le danger est trop grand. Il se peut qu’ils continuent de faire mine de nous ignorer mais il y a là un risque que nous ne pouvons pas courir. Nous décollerons dès que le matériel sera chargé – d’ici deux ou trois heures.

Le Suzerain leva les yeux vers le ciel comme s’il redoutait qu’un nouveau prodige ne l’embrasât. Mais tout était paisible. La lune s’était couchée et l’on ne voyait que quelques nuages que chassait le vent d’ouest.

— S’ils manipulent un peu la lune, ce n’est pas très grave, reprit-il. Mais supposez qu’ils s’attaquent au soleil ? Nous laisserons naturellement des instruments d’observation sur place pour savoir ce qui se passera.

— Je resterai, laissa tomber Jan. Le peu que j’ai vu de l’univers m’a suffi. La seule chose qui m’intéresse désormais, c’est de connaître le sort de ma planète.

Le sol frémit presque imperceptiblement.

— Il fallait s’y attendre, enchaîna Jan. S’ils interfèrent avec la révolution de la lune, il est évident que la vitesse angulaire doit être compensée d’une façon ou d’une autre. La Terre ralentit sa rotation, voilà. Je ne sais pas ce qui m’intrigue le plus : savoir comment ils font ça ou savoir pourquoi.

— Ils s’amusent. Quelle logique ont les agissements d’un enfant ? Et l’entité en quoi s’est métamorphosée votre race est encore un enfant sous bien des aspects. Elle n’est pas encore assez mûre pour se fondre au Maître Esprit. Mais cela ne saurait tarder et, alors, la Terre vous appartiendra à vous tout seul…

— À condition qu’elle existe encore, dit Jan, achevant la phrase que Rashaverak avait laissée en suspens.

— Vous vous rendez compte du danger – et vous voulez quand même rester ?

— Oui. Il y a cinq ans – non, six – que je suis revenu. Quoi qu’il arrive, je ne protesterai pas.

— Nous espérions que vous prendriez cette décision, fit Rashaverak d’une voix posée. Vous pouvez nous rendre un service…

 

La traîne embrasée du générateur stellaire pâlit et s’éteignit au delà de l’orbite de Mars. Sur les milliards d’êtres humains qui ont vécu et péri sur cette Terre, se dit Jan, je suis le seul à avoir suivi cette route. Et personne ne l’empruntera plus, désormais.

Il était le maître du monde. Il n’avait qu’à se baisser pour s’approprier ce dont il avait besoin. Tous les biens matériels que l’on pouvait désirer étaient à sa disposition. Il ne redoutait ni la solitude sur la planète déserte ni la présence, qui s’attardait encore, de ceux-là qui allaient bientôt partir pour revendiquer leur mystérieux héritage. Jan n’escomptait pas survivre à l’inconcevable remous que provoquerait leur départ.

Et c’était bien ainsi. Il avait fait tout ce qu’il avait désiré faire et poursuivre une vie aussi vaine qu’inutile sur la Terre vidée de ses occupants aurait été intolérable après avoir connu ce qu’il avait connu. Certes, il aurait pu partir avec les Suzerains. Mais à quoi cela l’aurait-il avancé ? Il savait mieux que personne ne l’avait jamais su que lorsque Karellen avait déclaré que les étoiles n’étaient pas pour l’Homme, il avait dit vrai.

Tournant le dos à la nuit, il franchit le haut portail de la base des extraterrestres. Ses majestueuses proportions le laissaient indifférent : l’immensité n’avait plus prise sur son esprit. Les lumières rougeoyantes, alimentées par une énergie capable de les faire briller pendant des millénaires, brasillaient. Il passa sans s’arrêter devant les machines que les Suzerains avaient abandonnées en partant et dont il ne percerait jamais les secrets, et gravit non sans peine les hauts degrés de l’escalier qui aboutissait à la salle de commande.

L’âme des Suzerains s’y attardait. Les instruments continuaient de fonctionner, obéissant aux ordres de leurs maîtres en allés. Et Jan se demanda ce qu’il pouvait ajouter aux informations lancées dans le gouffre de l’espace qu’ils collectaient.

Il s’installa aussi confortablement que possible dans le vaste fauteuil. Le micro, déjà branché, n’attendait plus que lui. L’équivalent d’une caméra de télévision était certainement en train de l’épier, mais il ne put la localiser.

Derrière la console hérissée d’accessoires incompréhensibles, les larges fenêtres donnaient sur la nuit étoilée. On apercevait une vallée endormie sous la lune et une lointaine chaîne de montagnes. Une rivière coulait, dessinant ses méandres au fond de la cuvette. Ici et là scintillaient ses remous. Un paysage ineffablement paisible ! Un décor qui sans nul doute était celui de la naissance de l’Homme.

Karellen attendait dans les profondeurs de l’espace à des millions et des millions de kilomètres de la Terre. La nef des Suzerains s’éloignait presque à la même vitesse que les messages que Jan lui enverrait. C’était une idée étrange. Presque à la même vitesse – mais pas tout à fait. Ce serait une longue course-poursuite, mais les messages finiraient par atteindre le Superviseur. Ainsi paierait-il sa dette envers les extraterrestres.

Quelle était dans ce projet la part de la planification calculée et celle de la brillante improvisation ? Karellen avait-il volontairement laissé Jan prendre l’espace pas loin d’un siècle auparavant afin qu’il puisse, à son retour, jouer le rôle qui lui était maintenant dévolu ? Non, c’était une hypothèse par trop fantastique. Il n’empêche que Jan était convaincu que le Superviseur avait ourdi une immense et délicate machination. Tout en le servant, il étudiait le Maître Esprit avec tous les instruments à sa disposition. Et la curiosité scientifique n’était sans doute pas son seul mobile : peut-être que les Suzerains rêvaient de s’affranchir un jour de la servitude particulière à laquelle ils étaient soumis – le jour où ils connaîtraient suffisamment les pouvoirs dont ils étaient les esclaves.

Que ce à quoi allait à présent s’astreindre Jan pût parfaire leur savoir était difficile à admettre. « Dites-nous ce que vous verrez – telles avaient été les instructions qu’il avait reçues de Rashaverak. Les images que vos yeux percevront seront enregistrées par nos caméras. Mais les messages captés par votre cerveau sont peut-être très différents et pourront nous apprendre beaucoup de choses. »

Eh bien, il ferait de son mieux. Il se pencha sur le micro :

— Toujours rien à signaler. J’ai vu s’éteindre le sillage de votre nef dans le ciel il y a quelques minutes. La lune est presque à son plein et près de la moitié de la face qui nous était familière ne regarde plus la Terre. Mais je suppose que vous le savez déjà.

Jan se tut. Il se sentait un peu bête. Tout cela était incongru, vaguement absurde, même. À l’heure où l’histoire tout entière parvenait à son apogée, il parlait comme un reporter commentant une course de chevaux ou un combat de boxe. Il haussa les épaules et chassa cette pensée. L’emphase avait probablement toujours fait plus ou moins escorte au sublime – et il était indéniable que personne, hormis lui, ne pouvait être sensible à sa présence.

— Il y a eu trois légères secousses au cours de l’heure écoulée, enchaîna-t-il. Leur maîtrise de la rotation de la Terre est sûrement sensationnelle, mais elle n’est pas tout à fait parfaite… Je crois, Karellen, que je vais avoir beaucoup de mal à vous fournir des détails autres que ceux que vous transmettent vos instruments. Il aurait peut-être mieux valu que vous m’ayez donné une idée de ce qui doit arriver et que vous m’ayez dit combien de temps je risque d’attendre. S’il n’y a rien de nouveau, je vous ferai un rapport dans six heures, comme convenu…

« Allô ! Ils avaient sûrement attendu votre départ. Les choses commencent à bouger. Les étoiles s’obscurcissent. Comme si un grand nuage se déployait très rapidement devant le ciel. Mais ce n’est pas vraiment un nuage. Cela semble posséder une structure. Je distingue vaguement un réseau de lignes et de bandes qui changent continuellement de configuration. C’est flou. On dirait presque que les étoiles sont prises dans une immatérielle toile d’araignée.

« L’ensemble de ce lacis commence à briller. Des pulsations lumineuses… exactement comme s’il était vivant.

« On dirait que la luminosité glisse vers une région déterminée du ciel. Attendez une minute… je vais regarder par l’autre fenêtre.

« Oui… j’aurais dû le deviner. Je vois un immense pilier ardent, comme un arbre de feu qui s’élève au-dessus de la ligne d’horizon, à l’ouest. Très loin. De l’autre côté du globe. Je sais d’où jaillit cette colonne : ils partent pour se fondre dans le Maître Esprit. La période de probation est terminée : ils laissent les derniers vestiges de matière derrière eux.

« À mesure que la luminescence monte et s’élargit, le réseau devient plus tangible, moins flou. Par endroits, il a presque l’air solide. Et pourtant, les étoiles luisent encore faiblement au delà.

« Je viens de réaliser que ce que j’ai vu fuser sur votre planète, Karellen, ressemblait beaucoup à cela, même si ce n’est pas exactement la même chose. Était-ce un fragment du Maître Esprit ? Je suppose que vous m’avez caché la vérité pour que je n’aie pas d’idées préconçues, pour que je sois un observateur non prévenu et objectif. J’aimerais savoir ce que vos caméras vous montrent pour le comparer avec ce que mon esprit imagine que je vois !

« Est-ce de cette façon qu’il vous parle, Karellen ? Par l’intermédiaire de couleurs et de formes comme celles-là ? Je me rappelle les écrans de contrôle de votre vaisseau parcourus de motifs mouvants. C’était un langage visuel que vos yeux déchiffraient.

« Maintenant, cela ressemble tout à fait à une aurore boréale dont les voiles s’agitent et palpitent devant les étoiles. Mais oui ! Je suis sûr que c’est cela – une gigantesque tempête aurorale ! Tout le paysage en est illuminé. Il fait plus clair qu’en plein jour… le ciel est un chaos de rouges, de verts et d’ors tumultueux qui jouent aux quatre coins… Oh ! il n’y a pas de mots… quelle injustice que je sois le seul à pouvoir jouir de ce spectacle… je n’avais jamais pensé que de telles couleurs…

« La tempête s’apaise mais le réseau fantôme est toujours là. À mon avis, ce phénomène n’était que le sous-produit du déchaînement d’énergie qui se donne libre cours aux frontières de l’espace…

« Un instant ! Je viens de remarquer quelque chose d’autre. Mon poids diminue. Qu’est-ce que cela veut dire ? Je viens de lâcher un crayon. Il tombe lentement. La gravité s’est modifiée… un vent violent se lève… je vois les arbres agiter leurs branches dans la vallée.

« Évidemment… c’est l’atmosphère qui s’échappe. Des bouts de bois, des pierres s’élèvent dans le ciel, presque comme si la Terre elle-même essayait de les suivre dans l’espace. L’ouragan chasse devant lui un épais nuage de poussière. J’ai du mal à voir… peut-être cela s’éclaircira-t-il dans un moment.

« Oui, cela va mieux. Tout ce qui n’était pas fixe a été arraché. Les nuages de poussière se sont dissipés. Je me demande combien de temps ce bâtiment tiendra encore. Et je commence à avoir de la difficulté à respirer. Il faut que je tâche de parler moins vite.

« Je vois à nouveau clair. La grande colonne de flammes est toujours là, mais elle se resserre, elle se rétrécit, s’étrangle… elle ressemble à l’entonnoir d’une tornade prêt à se perdre dans les nuages. Et… oh ! c’est malaisé à décrire. Une puissante vague d’émotion vient de me balayer. Ce n’était ni de la joie ni de la tristesse… un sentiment d’accomplissement, de plénitude. L’ai-je imaginé ou est-ce venu de l’extérieur ? Je ne sais pas.

« Et maintenant… non, cela ne peut pas être uniquement mon imagination… le monde est vide. Totalement désert. L’impression d’écouter une radio qui tombe soudain en panne. Le ciel a retrouvé sa limpidité. Le réseau de brume s’est évanoui. Quel sera le prochain monde qu’il visitera, Karellen ? Y serez-vous pour le servir une fois de plus ?

« C’est curieux… rien de ce qui m’entoure n’a changé. J’ignore pourquoi, mais je m’étais figuré que d’une façon ou d’une autre…

Jan s’interrompit. Il ne trouvait plus ses mots. Il ferma les yeux pour s’efforcer de recouvrer son empire sur soi. Ce n’était pas le moment de céder à la panique. Il avait un devoir à accomplir. Envers l’Homme et envers Karellen.

Quand il reprit la parole, il commença d’abord par s’exprimer avec la lenteur d’un rêveur qui se réveille :

— Les édifices qui m’entourent… le sol… les montagnes… tout est comme du verre… je vois à travers. La Terre est en train de se dissoudre. Je ne pèse presque plus rien. Vous aviez raison : ils ont fini de jouer avec leurs joujoux.

« Il ne reste plus que quelques secondes. Les montagnes se sont volatilisées comme des fumées. Adieu, Karellen. Adieu, Rashaverak. J’ai de la peine pour vous. Bien que je sois incapable de comprendre ce dont j’ai été témoin, j’ai vu ce qu’est devenue ma race. Tout ce que nous avons accompli s’en est allé vers les étoiles. Peut-être était-ce cela que les anciennes religions essayaient de dire. Mais elles se trompaient du tout au tout. Elles attachaient une importance capitale à l’humanité alors que nous n’étions qu’une espèce parmi… savez-vous combien d’autres espèces ? Et pourtant, nous sommes devenus quelque chose que vous ne pourrez jamais être.

« La rivière n’existe plus. Mais le ciel est toujours le même. C’est drôle de voir la lune qui brille encore là-haut. Je suis content qu’ils l’aient laissée, mais quelle solitude maintenant !…

« La lumière ! Elle vient d’en bas… de l’intérieur de la Terre… elle sourd à travers le roc, le sol, tout… de plus en plus brillante, éblouissante, aveuglante…

 

Les énergies captives du noyau du globe se libérèrent dans une silencieuse explosion de lumière quand il céda. Pendant un court moment, les ondes gravifiques balayèrent le système solaire, modifiant imperceptiblement les orbites des planètes. Puis les enfants du Soleil – ceux qui restaient – reprirent leurs anciennes trajectoires, tels des bouchons flottant sur un lac placide ridé par les ondes infimes déclenchées par la chute d’une pierre.

Rien ne demeurait de la Terre. Ils avaient pompé jusqu’aux derniers atomes qui la constituaient. Elle les avait nourris pendant les impétueux moments de leur inconcevable métamorphose comme la substance enclose dans un épi nourrit la toute jeune plante qui se hausse vers le soleil.

 

À six mille millions de kilomètres au delà de l’orbite de Pluton, l’écran devant lequel Karellen était assis s’obscurcit brusquement. Enregistrement terminé, mission remplie. Le Superviseur regagnait le monde qu’il avait quitté depuis si longtemps. Le poids des siècles l’accablait et la logique était impuissante à chasser la tristesse qui l’écrasait. Ce n’était pas sur l’Homme qu’il pleurait, mais sur sa propre race que des forces qu’elle ne pourrait jamais vaincre interdiraient à jamais d’accéder à la grandeur.

En dépit de leurs prouesses, songeait Karellen, en dépit de la maîtrise qu’ils avaient acquise de l’univers physique, ses semblables n’étaient qu’une peuplade qui avait passé toute son existence sur une plaine morne et poussiéreuse. Très loin se dressaient les montagnes, siège de la puissance et de la beauté, où le tonnerre folâtrait au-dessus des glaciers, où l’air était pur et âpre. Là-haut le soleil transfigurait les cimes de son éclat sublime alors que, en bas, les ténèbres recouvraient la vallée. Et l’on ne pouvait que contempler et admirer ces sommets sans espoir de jamais les gravir.

Karellen savait pourtant que son peuple persévérerait jusqu’à la fin, tenacement, qu’il attendrait sans désespoir le destin qui était le sien. Il continuerait d’être le serviteur du Maître Esprit, mais sans perdre son âme.

Un éclair rouge fusa brièvement sur le grand écran de contrôle. Presque sans s’en rendre compte, Karellen déchiffra le message de ses fluctuations. La nef franchissait la frontière du système solaire.

Karellen leva la main et l’image changea. Une étoile flamboyait, solitaire, au centre de l’écran. À cette distance, personne n’aurait pu dire que le soleil avait possédé des planètes ou que l’une d’elles avait disparu. Il resta longtemps à contempler le gouffre qui s’élargissait rapidement tandis que d’innombrables souvenirs s’éveillaient dans les dédales de son vaste esprit. Il salua silencieusement les hommes qu’il avait connus, ceux qui avaient essayé de faire obstruction comme ceux qui l’avaient aidé dans sa tâche.

Personne n’osait le déranger ni interrompre sa méditation. Enfin, il pivota sur lui-même, tournant le dos au soleil qui s’amenuisait.

 

 

 

FIN

Les enfants d'Icare
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